La durabilité, c'est rentable !

La durabilité, c'est rentable !

Une vision durable est une vision commune dans laquelle autorités, entreprises et citoyens se doivent de passer à l’action. Heureusement, les communes aussi accordent de plus en plus d'attention à la durabilité. Le samedi 26 janvier, dans la commune de Sint-Michielsgestel, une collègue de Tarkett a assisté à un événement sur la durabilité ; elle y a rencontré Helga van Leur. Météorologue, Helga donne des conférences sur les liens entre météo, climat, durabilité et comportements. Selon elle, de nombreuses idées négatives circulent sur la durabilité et font que les gens tardent à en appliquer les principes. Beaucoup pensent par exemple que la durabilité coûte cher et que leurs actions à cet égard n'ont aucun effet. Des idées reçues souvent contredites dans la pratique. Pour que les gens voient les résultats à court terme ou aient une impression positive de la durabilité, celle-ci doit être locale et tangible. Lisez ici l’interview de Helga van Leur.

LA PRESSION SUR NOS RESSOURCES NATURELLES ET L’ENVIRONNEMENT A FORTEMENT AUGMENTÉ

Du fait de sa profession, Helga a vu de près les changements météorologiques à l'œuvre ; elle a effectué une présentation à ce sujet lors de l'événement sur la durabilité. « Depuis le début du siècle, les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes, à l’inverse des longues périodes de froid, dont la probabilité ne cesse de diminuer ». En effet, le nombre de records de chaleur est huit fois supérieur au nombre de records de froid et nos émissions de CO2 sont considérées comme la principale cause de ce changement climatique. 

Forte de sa formation scientifique, de sa connaissance des phénomènes météorologiques (extrêmes), du climat (et de ses changements) et de sa passion pour le développement durable, Helga van Leur nous a inspirés lors son exposé et nous a donné envie d’en savoir plus. Voici son interview !

QUELLE EST VOTRE DÉFINITION DU TERME DURABLE ?

Au début de l'interview, Helga nous a posé la question suivante : « Quelle est votre définition du terme durable ? » Question pertinente s’il en est, chacun ayant de la « durabilité » une définition différente. Pour Tarkett, « durabilité » signifie meilleure gestion de nos ressources naturelles et manière de penser plus circulaire. Les substances et matériaux mis au rebut ne sont pas dénués de valeur : on peut les réutiliser comme matières premières. Les ressources de notre planète ne sont pas inépuisables ; en revanche, les conséquences liées à leur épuisement seront permanentes. Il est essentiel de transmettre à nos (petits-)enfants un monde vivable.

 

Et donc, de mieux gérer nos ressources naturelles et de penser de manière plus circulaire. C’est ainsi que nos (petits-)enfants pourront hériter d’un monde vivable.

COMMENT POUVONS-NOUS MIEUX GÉRER NOS RESSOURCES NATURELLES ?

« Il est important de créer des cycles techniques et biologiques. La matière biologique peut retourner dans le sol ; quant au cycle technique, il implique des produits conçus de manière à pouvoir être réutilisés avec maintien d’une haute qualité. La valeur économique doit être préservée. 

Cela signifie que les entreprises doivent, dès la phase de conception, bien réfléchir à la façon dont elles désassembleront leurs produits à la fin de leur cycle de vie. Et j’y vois beaucoup d'avantages. Aujourd’hui, nous achetons souvent des produits dont les fabricants espèrent secrètement qu’ils ne dureront pas longtemps afin de nous contraindre à en acheter de nouveaux dans quelques années. Mais si les fabricants restaient propriétaires des matières premières et que vous, client, les leur louiiez pendant un certain temps, les fabricants concevraient différemment leurs produits. Dans ce cas, ils préféreraient créer des produits aussi durables que possible, sans quoi ils perdraient de l'argent. Ce concept de location existe déjà, par exemple avec des machines à laver. Vous payez par lavage effectué et le fabricant conserve la propriété du produit. Reste que ce type de formules en est encore à ses balbutiements et demeure assez coûteux. »

Si les fabricants restaient propriétaires des matières premières et que vous, client, les leur empruntiez pendant un certain temps, les fabricants concevraient différemment leurs produits.

L'ÉCONOMIE CIRCULAIRE, C’EST L'AVENIR !

Heureusement, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à proposer des produits à la location, et pas seulement des machines à laver. Par exemple, on peut également louer des panneaux solaires et même des jeans. Les jeans de la marque néerlandaise Mud Jeans sont produits de manière aussi responsable que possible ; fabriqués en coton bio recyclé, conformes aux règles du commerce équitable, ils sont également sûrs pour l'homme et pour l'environnement.   Dans le nouveau concept de location, les jeans, après utilisation, retournent chez Mud Jeans en vue d’être réutilisés ou recyclés.

Mais le chemin à parcourir sera encore long. Actuellement, à peine 9 % de l’économie mondiale est circulaire. Cela signifie que, pour l’instant, plus de 90 % des matières premières utilisées dans le monde ne reviennent pas dans l’économie. Il reste donc beaucoup à faire en la matière, même si des changements sont déjà visibles. D’ici 2050, la Flandre entend avoir achevé sa transition vers une économie circulaire. Mais comment fonctionne l’économie circulaire ? Voici comment l’explique Helga :

« Regardez autour de vous, tout ce que vous voyez, ce sont des matières premières. La tendance est à la création d’un 'passeport matériaux' pour chaque objet, afin que vous puissiez inventorier ce qui est réutilisable ou pas après la fin de vie. On voit cela, par exemple, dans des bâtiments devant être démolis, dont certains matériaux seront réutilisés. Désassembler quelque chose, cela rapporte de l’argent. »

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QU’EST-CE QUI EMPÊCHE LES ENTREPRISES ET LES CONSOMMATEURS D’EMBRASSER LA DURABILITÉ DANS LA PRATIQUE ?

« Le plus difficile, c’est de changer les comportements. Le confort est un obstacle de taille, tout comme l'idée selon laquelle la durabilité coûte plus cher. » Pourtant, nous achetons beaucoup de choses que nous ne pouvons pas amortir, telles qu’une télévision ou un banc. Une cuisine n’est pas amortissable non plus. Ces objets, on les achète pour le confort qu’ils nous procurent, ou parce que les posséder nous donne une sensation agréable. Par conséquent, en tant qu’entreprise, l’investissement que le consommateur doit réaliser, vous devez l’étaler sur plusieurs échéances. Heureusement, de plus en plus d'organisations, et pas seulement des banques, accordent des prêts dans le cadre desquels elles conservent la propriété du produit en question pendant, par exemple, les 15 premières années. Une fois cette période terminée et le prêt remboursé, le produit appartient au client.

« De plus en plus d’organisations, et pas seulement des banques, accordent des prêts dans le cadre desquels elles conservent la propriété du produit en question pendant, par exemple, les 15 premières années. »

IL EST BON DE VOIR DE PLUS EN PLUS D’ENTREPRISES PRENDRE LEUR RESPONSABILITÉ. QUEL CONSEIL DONNERIEZ-VOUS AUX CONSOMMATEURS POUR QU’ILS VIVENT DE MANIÈRE PLUS DURABLE ?

« Le plus important, c’est d’être ouvert et d’oser faire des choix. Par exemple, si vous êtes au supermarché, repérez les produits du commerce équitable et essayez-les. Trop cher, dites-vous ? Pensez un moment à votre rémunération : si vous trouvez important qu’elle soit équitable, n’est-il pas logique que celles des autres le soient aussi ? Peut-être mangerez-vous un peu moins, mais vous apprécierez davantage ce que vous goûterez. De plus, vous verrez que les supermarchés ne cessent d’élargir leur offre de produits durables, une manière aussi pour eux de pérenniser leur approvisionnement de ces matières premières. Le chocolat et le café, par exemple, sont des produits très sensibles aux conditions météorologiques. Si le climat change, les fabricants en subiront également les conséquences. C’est pourquoi vous verrez, d’un côté, nombre de fabricants embrasser la durabilité, et de l’autre, de plus en plus de consommateurs donner de l’importance à l’achat de produits durables.

Mais surtout, continuez d’essayer. Je vous donne un exemple : il m’est arrivé de goûter de la viande durable que je n’ai pas trouvée bonne. J’ai donc décidé de ne plus l'acheter ; mais un an plus tard, je l’ai réessayée pour voir si son goût s’était amélioré. D’où ce conseil que je donne à tout le monde : essayez, essayez, essayez ! Faites des découvertes, apprenez l'histoire du produit. Par exemple, n’est-il pas plus amusant d’acheter des légumes chez un producteur local et d’entretenir un lien avec celui-ci plutôt que d’acheter toujours ses fruits et légumes en grande surface ? C’est peut-être moins cher au supermarché, mais celui-ci ne rémunère pas équitablement l'agriculteur local, alors que le reste de la chaîne en profite. Bien sûr, aller au supermarché est facile, on y trouve un plus grand choix, mais essayez de faire vos courses dans divers commerces du village, pour éviter que celui-ci devienne un désert économique. Car ça aussi c'est important. »

Le conseil que je donne à tout le monde : essayez, essayez, essayez ! Faites des découvertes, apprenez l'histoire du produit.

DEMAIN SE CONSTRUIT AUJOURD'HUI !

Nous devons nous montrer beaucoup plus curieux et oser essayer de nouvelles choses. Notre conseil ? Faites des découvertes. Et n’attendez pas pour commencer. Commencez petit, mais faites-le maintenant, car demain se construit aujourd'hui.